Le péché (Père Philippe Dautais)
Le mot « péché »
demeure pour beaucoup de chrétiens un mot ambigu. En hébreu et en grec, il
signifie « mal viser » ou « rater la cible ». Il qualifie
une mauvaise orientation du désir ou, d’une autre manière, le fait d’avoir
dévié d’un but initial. La racine du péché est décrite essentiellement en
Genèse (chap 3) où Adam se détourne de la relation à Dieu pour se tourner vers
le « serpent ».
Dans
cet épisode Adam indique clairement une rupture de relation à Dieu qui
est souvent ramenée au seul aspect de la désobéissance. le péché se situe dans le cadre d'une relation personnelle. Il
qualifiera ensuite une forme de transgression par rapport à la loi
divine car transgresser cette loi, c'est blesser la relation. ainsi, la
notion de péché fait le lien entre la loi et la relation à l'autre. Elle indique que la loi est au service d'une juste relation à l'autre,
et que transgresser la loi c'est porter préjudice à l'autre.
En
ce sens, la loi a pour mission d'éveiller au sens de l'autre, au
respect de l'autre, à la conscience de l'autre. Le seul respect de la
loi n'est qu'une étape dans ce processus. Sa finalité est de conduire
l'être humain vers une juste relation avec son frère ou sa soeur en
humanité.
Le
sentiment de faute, quant à lui, se
situe par rapport à la loi, aux conventions, à la règle. On est pris en
faute parce que l'on a pas fait ce qu'il fallait faire, ou on a
transgressé une loi. La mentalité actuelle va dans le sens de la
permissivité et de la banalisation de la faute, du laxisme par rapport
à la transgression.
C'est oublier que la
loi a une fonction première de protéger les personnes. En l'oubliant,
on vit la loi comme contraignante alors qu'elle est au service de notre
édification. La notion de« péché »
rappelle que par la transgression de la loi, il est porté préjudice à
des personnes. Elle met en évidence les
conséquences humaines et sociales de toute banalisation de la faute.
C'est pourquoi il serait important de redonner à cette notion tant décriée et si mal comprise son sens profond à condition de ne pas accabler le pécheur mais de montrer que le fondement de toute vraie conversion est la conscience du péché. La loi bien comprise, a pour vocation de nous éveiller à cette conscience.