Vocation personnelle du chrétien (par Métropolite Antoine de Souroge)

Vocation personnelle du chrétien

Dans la mesure où, d'une volonté libre, nous nous ouvrons à Dieu, dans la mesure où librement nous nous donnons à Lui, dans la mesure où par le sacrement du baptême, de la communion, par le don du Saint-Esprit, Dieu effectue cette union entre nous et le Christ, nous greffe sur Lui, nous chrétiens, nous devenons un membre vivant, comme un rameau, de ce corps du Christ, et ce qui est la destinée historique du Christ, sa mission et son rôle dans le monde d'une part et ce qui est l'éternité du Christ, nous y participons aussi, d'une façon qui varie avec la mesure de notre union, la générosité avec laquelle nous nous sommes donnés et nous nous donnons de jour en jour, avec la capacité que nous avons de nous ouvrir et de nous abandonner.


Ce qui est vrai du Christ dans l'histoire est vrai de nous, il est la pierre de la première assise et sur cette assise se construit l'Eglise, pierre à pierre, et nous sommes de ces pierres vivantes qui la constituent. Rien ne peut être ajouté à ce que le Christ a fait pour notre salut. Nous n'avons qu'un rédempteur, qu'un sauveur, mais, de siècle en siècle, l'Eglise, dans chacun de ses membres et dans son ensemble, est une présence incarnée du Christ total. C'est dans ce sens, je pense, que S. Paul a pu dire, qu'il accomplit dans sa chair ce qui manque à la Passion du Christ ; c'est dans ce sens que le Patriarche Alexis a défini l'Eglise comme le corps du Christ rompu pour le salut du monde, de siècle en siècle, de jour en jour, en tout lieu, en tout temps.


Et de ce point de vue, notre mission, notre rôle correspond à celui du Christ. Si nous pensons au terme de "mission" dans le sens latin du mot, si nous pensons que nous sommes "envoyés", eh bien, la réponse de l'Evangile est claire au 20e chapitre de S. Jean, le Christ nous dit : "Comme mon Père m'a envoyé, je vous envoie." Et, nous ne sommes pas simplement chargés d'un message oral, nous sommes un message vivant, et nous sommes envoyés — c'est le Christ qui le dit lui-même ailleurs — "comme des brebis parmi les loups". Notre vie doit apporter un message, notre mort doit être un témoignage.


Le martyr n'est pas, au premier chef, celui qui meurt mais celui qui témoigne, qui est mort à lui-même pour vivre à Dieu et qui témoigne de la vie éternelle donnée par Dieu, donnée par Dieu de telle sorte que la mort dans le temps ne lui inspire plus de crainte, qu'il peut épancher sa vie librement pour que d'autres vivent. Saint Paul le dit : "nous mourons de jour en jour pour que vous viviez." La voie, le Christ nous l'a aussi indiquée lorsque Jacques et Jean se sont présenté devant Lui, lui demandant de prendre place dans le Royaume à sa droite et à sa gauche ; le Christ leur a demandé s'ils étaient prêts à partager sa coupe et son baptême. Et lorsqu'ils eurent donné leur accord, Il leur a dit : "Cela, vous le partagerez avec moi." De sorte que la destinée du chrétien et celle de l'Eglise, Corps du Christ dans l'histoire, coïncident et continuent la destinée et l'action du Christ. Et la mission est celle même du Christ, parce que, en Lui, nous sommes Un et avec Lui nous sommes envoyés par le Père comme le Fils a été envoyé et parce que nous sommes le Fils dans notre union avec le Christ.

 

 (Extrait des archives du Métropolite Antoine de Souroge: http://masarchive.org/Sites/Site/French.html)

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