Catastrophes dans le monde

Les catastrophes

Les cataclysmes soulignent l’altérité de l’homme et de la Création. Celui-ci ne se confond pas avec celle-ci. Ils suggèrent également l’altérité de l’être humain et du Créateur, Maître de tout, et dont les desseins sont, à priori, incompréhensibles et insondables; Il est appelé le Tout-Autre. L’être humain ne se suffit pas à lui-même. L’extraordinaire puissance des éléments déchaînés lui rappelle sa petitesse, l’étroitesse de ses desseins et de ses projets. Le confrontant à la mort, elle lui fait apprécier le don gratuit de la vie (cf. Ménée du 26 octobre). Elle le dépasse pour qu’il se dépasse.

La rationalité

Une interprétation scientifique de ces phénomènes est possible. Elle montre la rationalité profonde du cosmos. Le monde n’est pas absurde, il est gouverné par des lois que la science apprend progressivement à déchiffrer. Il est soumis à une loi de causalité. La raison humaine, image de la raison divine, la découvre autant qu’elle peut, jusqu’à la limite de l’intelligibilité des raisons et des énergies divines. Elle contemple la beauté quelquefois terrible d’un monde dont elle n’est pas l’auteur et qui lui est au contraire donné.

La responsabilité

Certains phénomènes cosmiques semblent indépendants de toute responsabilité de la créature. Dans d’autres cas, on peut trouver l’erreur humaine, une mauvaise gestion de la Création, une exploitation abusive des ressources naturelles, une faute écologique entraînant des désastres : c’est le cas, par exemple de la déforestation insensée, ou des formes de pollution, dont les conséquences sont immenses. Les cataclysmes rappellent à l’homme la royauté que le Créateur lui a donnée (Genèse) à l’égard de la Création et l’appellent à la conversion de son intelligence et de son cœur.

Les catastrophes cosmiques révèlent l'état de l'homme, qui est soumis, écrasé par le monde cosmique. L'être humain est matériellement écrasé par les forces du monde, il l'est tellement qu'il en meurt.

La condition humaine est liée au péché: elle est une condition souffrante, déchue. Certaines souffrances sont issues directement de notre irresponsabilité, de nos fautes: les accidents, les maladies et d'autres sont liées à un élément cosmique. Les catastrophes ne semblent pas être provoquées par une volonté humaine connue, mais elles sont, pour les pères, intrinsèquement liées à la déchéance de l'être humain.

Donc tout homme qui se convertit et va vers ce chemin de sainteté sauve le monde de cela. Des saints ont priés et ont arrêté des catastrophes. C'est pour cela que nous prions dans la liturgie « contre les épidémies, les guerres... ». Ce n'est pas par magie, mais parce que nous savons dans notre conscience que si ces choses là arrivent c'est parce que nous sommes loin de Dieu, non pour des raisons juridiques, mais parce que nous sommes soumis aux lois cosmiques.

Si nous retrouvons notre royauté spirituelle par la sainteté qui est le but de la vie, nous inversons le processus. L'être humain a la capacité d'inverser le processus des évènements, des maladies en se convertissant, en changeant son cœur.

La prière pour les malades n'est jamais une prière magique, elle implique toujours la conversion de celui pour qui l'on prie et également de celui qui prie. Les saints étaient capables d'aider à la guérison de quelqu'un parce qu'ils étaient eux-mêmes sans passion. Il y a un lien entre la libération à l'égard des maladies et la sainteté.

Donc l'être humain a une position centrale dans le monde qu'il a perdue. Dire que Dieu envoie cela pour punir les gens est tout à fait étranger à la pensée chrétienne.

Les personnes qui meurent dans les catastrophes ne sont pas abandonnées par Dieu. Dieu s’occupe de tous, et le monde est ce qu'il est parce que nous ne sommes pas convertis. Ils sont peut-être morts parce que nous ne prions pas suffisamment et que nous ne convertissons pas.

Notre relation avec le mal dans le monde est une relation de responsabilité. La vision du mal chez les autres nous conduit à la conversion, à la pénitence, et non à maudire Dieu, à parler de fatalité.

Nous savons que toutes les famines en Afrique sont produites par les hommes, à cause du déséquilibre qu'ils ont introduit par leur déraison et toutes les passions: convoitise, domination...

Le monde n'est pas anéanti, cela nous renvoie à la prière pour cela. Ce sont aussi peut-être des occasions de dévouement, de se dépasser, d'utiliser les dons du Saint Esprit qui sont en nous. Ces grandes souffrances sont des lieux de communion.

Le Christ a fait de la souffrance et de la mort, un lieu de communion, d'amour et de partage. La souffrance oblige à la conversion et à la charité.

Tant que nous n’avons pas déracinés en nous la royauté de Satan  dans notre cœur, nous ne pouvons pas verser des larmes de crocodiles sur les guerres et les désastres du monde. Il faut commencer par être un homme libre, alors je pourrais commencer à prier pour le monde.

L'évolution est essentiellement un phénomène personnel. Toutes ces catastrophes continuent de se produire, des questions à nos libertés personnelles, ceci peut-être jusqu'à la fin des temps.

La déchéance s'est transmise au cosmos parce que l'être humain était fait des éléments du cosmos. Nous sommes consubstantiels les uns aux autres et il faudrait s'en rappelait. Toute souffrance est communautaire. Si tu es un poison pour le cosmos, tu empoisonnes le cosmos avec ton péché. Les plantes meurent dans l'appartement de quelqu'un qui vit dans la haine.

La répercussion de l'état de la personne sur son environnement est expérimentale. Dans un bureau quelqu'un qui a la haine ou l'angoisse pourrit son environnement; quelqu'un qui a le cœur plein d'amour, même s'il ne dit pas un mot, irradie cela autour de lui.

Saint Séraphim de Sarov a dit: « Acquiers la paix intérieure, et des êtres par milliers autour de toi seront sauvés ».

Les animaux tels que nous les connaissons ont évolué, ne sont pas les animaux originels: ils ont évolué, ont dégénéré, ont souffert, se sont développé autrement. Même les animaux de la préhistoire sont récents. L'homme de Cro-Magnon aussi est très tardif, bien après Caïn. Nous n'avons aucun souvenir d'un animal tel qu'il a été créé dans la genèse, ni d'aucun homme.

Tous les animaux que nous connaissons sont des animaux déchus. L'être humain peut retrouver la communication avec le monde animal, dans le langage et il peut introduire la paix et l'amour parmi les animaux.

Pour renverser la violence, il faut être non-violent. Tous ceux qui ont pacifié les animaux, étaient eux-mêmes pacifiés. Nous ne sommes pas là pour maîtriser les animaux avec la force, mais en nous convertissant, pour les libérer de leurs passions; car les animaux ont de grandes passions: ils sont dominés par la peur et l'agressivité qui en découle.

Etant lui-même pacifié, l'homme libère l'animal de cette passion: la peur.

Père Marc Antoine (Costa de Beauregard)

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