L'Eglise comme "communion" (Christos Yanaras)

Introduction

Dans toutes les religions ou dans toutes les métaphysiques, il y a l’idée d’un être suprême logiquement nécessaire comme cause première de l’existence. Mais dans l’expérience ecclésiale, il n’y a pas d’être suprême, mais communion de personnes, présence de trois personnes qui communiquent la vie, qui existent en communion.

C’est pourquoi la seule définition de Dieu que nous rencontrons dans la bible, c’est que Dieu est Amour ; Non pas une qualité morale de Dieu, une vertu, un comportement, mais un mode d’existence : Dieu existe parce qu’il est Amour et son existence est le fait de l’Amour.

Ainsi notre vie est vie réalisée comme relation d’amour. L’Eglise est ainsi le lieu où nous sommes invités afin de transformer notre existence en « existence comme relation ».

Cependant, il y a une déviation qui transforme cette communication en désir de posséder pour nous mêmes : la nourriture, les autres, il faut tout soumettre à son désir.

L’église nous invite à changer notre mode d’existence : il faut communiquer la vie, et celle-ci devient participation au mode d’existence du Christ, au Corps et sang du Christ. Pour arriver à cette participation, il faut suivre la pratique que l’église nous propose, une pratique qui nous amène progressivement à ce vécu, à cette expérience qui est la sainte communion.

Nous sommes des hypostases. C’est à dire que nous représentons une existence, une réalité existentielle parce que Dieu nous appelle à l’existence. Saint Grégoire Palamas nous dit qu’après la mort, notre hypostase va hypostasier notre existence à travers les énergies de la nature divines, à travers les énergies du Saint Esprit.

« Tout le monde après la mort va être uni à Dieu, et aux énergies divines. Mais pour ceux qui ont cultivés une attitude positive, c’est à dire ceux qui sont prêt à communier à l’existence et à la vie même de Dieu, cette unité avec les énergies divines du Saint Esprit sera le paradis. Tandis que ceux pour ceux qui ne seront pas aimer, cette unité avec Dieu sera une torture, ce sera vraiment l’enfer » écrit Saint Maxime le Confesseur.

Cela signifie que le paradis ou l’enfer ne dépend pas d’une certaine justice divine, ce n’est pas Dieu qui punit les pécheurs. En réalité tout dépend de la possibilité ou de l’impuissance de l’homme de communier vraiment à l’existence et à la vie de Dieu.

Dieu va se donner à tous, à chacun, va être avec tous, mais cette unité va réaliser des modes d’existence différents : le paradis ou l’enfer. Dostoïevski disait que l’enfer est le martyr de ne pas pouvoir aimer. Saint Isaac dit la même chose.

L’Eglise nous offre le goût, l’expérience de la vraie vie, «  de la vie comme amour » qui ne connaît pas la mort.

Christos Yanaras

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