La Magie ?

Starets Thaddée

Un jeune homme vint voir le starets Thaddée dans un état manifeste de désarroi mental. Cet homme s’était marié avec une femme nettement plus âgée, qui avait réussi à le subjuguer par la magie. Il souhaitait qu’on dise des prières de rémission des péchés. Aussitôt après l’absolution de ses péchés, il se sentit mieux, comme si un lourd fardeau lui avait été ôté.

« On voit que des intellectuels peuvent succomber à la magie. La magie est en fait la manifestation des esprits mauvais qui agit là où il n'existe pas d'union ferme à Dieu, là où il n'y a  pas de prière, là où les gens sont dispersés et déstructurés. La magie n'a pas de prise sur celui qui est uni à Dieu par la prière [..] ».

« Saint Jean Chrysostome enseigne que tout mal procède de nous-mêmes, avant de provenir du diable. Si nous tenons notre esprit en éveil et notre cœur fermement ancré dans la foi, le diable n'aura pas accès à nous. Le diable ne vient qu'à la rencontre de nos propres mauvaises pensées. C'est quand nous sommes jaloux, en colère, ou quand nous haïssons de façon fréquente ou prolongée que nous ouvrons nous-mêmes l'accès de notre être au diable. Il se met alors à alimenter nos péchés et nous ne sommes plus en mesure de nous libérer facilement [..] ».

« Il nous arrive tellement de nous abîmer dans le péché qu'il devient notre seconde nature; dans une telle situation, seul Dieu peut nous sauver de nous-mêmes comme du diable ».

Père Marc Antoine Costa de Beauregard

« Magie est un terme très vaste. Certaines catégories de gens ont été des mages ou magiciens, qui ont appartenu à des civilisations où il y  a des pratiques traditionnelles d’action sur les choses et sur les personnes, comme la sorcellerie.  Au sens large du mot, sens très péjoratif, ce sont des actions qui trompent, font illusion et asservissent les esprits.

La magie, c’est donc l’utilisation des énergies  créées ou incréées, énergies cosmiques ou grâce divine, énergie psychique, à des fins personnelles, de domination et d’asservissement d’autrui.

La magie s’apparente quelque part à l’enfer. Au sens où l’enfer est le règne de Satan et l’asservissement de toute créature libre.

Aujourd’hui à côté du christianisme, il y a toujours une persistance de comportements magiques, dans les campagnes. Ce n’est pas toujours négatif, cela appartient à la culture, on s’adressait à ceux qui connaissaient le pouvoir des arbres, des forêts, sans qu'il y  ait là un esprit de domination. Ce n’est pas encore la domination diabolique d’être sur les autres.

Mais on voit aussi  une recrudescence de pratiques magiques pour faire régner Satan véritablement. Même certaines formes musicales, que l’on entend à la télé, avec des individus portant des croix inversées, un certain côté messe noire, qui est une inversion de Dieu, et qui est quelque chose de très malsain où c’est Satan qui parle.

Il y aussi une magie de l’image et de la publicité, pour agir sur le psychisme, pour asservir l’être humain.

La magie est la tentation d’avoir un pouvoir et d’exercer un pouvoir par lequel on devient un dieu pour les autres. On trouve donc de nombreux comportements magiques. L’art a quelque chose de magiques. Les peintures rupestres dans les cavernes sont des peintures magiques où ceux qui ont peint ont pensé prendre possession des animaux. Dans le comportement artistique, il y  a dès l’origine quelque chose de magique. C’est pour cela que l’église propose une forme d’art qui est l’iconographie qui est un art qui n’est pas un art magique.

Dans une église orthodoxe, on ne doit pas accepter un art qui ne soit pas transfiguré, parce que l’art porte en lui des rémanences magiques. Il n’y aura donc pas de statue, avec son réalisme qui sollicite des comportements magiques chez l’être humain, qui devient idole. Par les statuaires, on sollicite la sentimentalité, l’émotionnalité qui rend l’homme captif de ses passions.

Idem pour la musique liturgique qui suit des règles bien précises. Des rythmes magiques, comme la syncope, comme dans le jazz, sont exclus de la musique liturgique. La syncope provoque une action sur le psychisme très forte. Comme les rythmes qui collent au rythme cardiaque. La musique liturgique bannit toutes les formes rythmiques qui ont un caractère magique et qui influent sur le psychisme de l’être humain. Il suffit de porter la Parole de Dieu mais sans influencer.

L’icône fait découvrir l’amour non passionnel, transfiguré et libre. Dieu ne séduit pas, il touche par son amour, par l’évidence de sa bonté et de son humilité. Le malin séduit et asservit. Il n’y a pas de motif de séduction valable même pour amener quelqu’un dans l’Eglise.

C’est pour cela qu’il vaut mieux avoir des pères spirituels sobres, un peu durs, il ne nous captive pas sur le plan des sentiments. Les saints n’influencent pas. Auprès d’un saint on se sent douloureusement libre, il ne contraint pas. Il est crucifié dans le respect de la liberté de l’autre. C’est incompatible avec l’amour, un bien forcé n’est pas un bien.

Nous sommes crucifiés. Ne cédons pas à la tentation d’intervenir sur autrui, cela serait du domaine magique. La grâce du Saint Esprit n’est pas une grâce qui force, c’est un appel très doux. Si tu es vrai dans ta conscience, tu as entendu, cela parle au cœur de l’homme.

Conseiller et aider  autrui sans t’influencer. Par exemple en allant voir un malade, le bien que je veux lui faire, je lui fais de haut, de ma bonne santé, honnêteté.

Que Dieu nous aide à apporter de l’aide par en bas. Le malade, le drogué, la prostituée veulent être libres. L’aide chrétienne dans le monde est parfois étouffante. Je veux sortir de mon alcoolisme librement. Le Christ a aidé, par le bas, sans mépriser, sans écraser, par Sa bonté. Faire du bien, sans influer, sans magie. Il n’y  a pas de bonne magie. Le Christ a guéri des gens qui avaient une foi à couper au couteau.

Le Christ n’a pas débarqué chez les gens en disant je vais régler vos problèmes. Il attendait qu’on l’invite, pour respecter la liberté. Dieu est venu parce qu’il a été invité par les prophètes et les saints.
Dieu est respectueux de la liberté qu’il a créée. Si Dieu faisait du bien contraint, il serait en contradiction avec lui-même. Il détruirait immédiatement la liberté qu’il a créée et qui est Sa propre Image en l’homme. Dieu détruirait sa propre Image en l’homme».

L'Ancien Ephrem de Katounakia

Quand l'homme est pur, les sortilèges n'ont pas de prise sur lui. Par pur, je veux dire qui participe à la liturgie, quand il se confesse, quand il communie souvent. Dans la vie de Saint Macaire, nous lisons que le magicien, n'ayant pas réussi à ce que la femme adultère commette de force l'adultère, la transforma en jument. Après que saint Macaire l'eut guérie, il lui dit ainsi qu'à son mari : Les sorts ont pu agir sur vous parce que cela fait cinq semaines que vous n'avez pas communié.

Il y  a plusieurs années une jeun homme vint me voir et me dit qu'un soldat lui avait jeté un sort et qu'il ne pouvait plus épouser une femme. Alors je lui ai dit d'aller trouver le père Charalampos qui s'y connaît en magie. Lorsqu'il vint le voir, le père lui a demandé : Lorsque tu as été ensorcelé, est-ce que tu communiais ? Non lui dit-il! C'est pour cela mon enfant que les sortilèges ont agi.

(Spiritualité orthodoxe)

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