Malédiction dans la Bible

Dans la Bible, beaucoup de paroles mises dans la bouche de Dieu sont employées au futur et sonnent comme des malédictions.  Mais ce sont des constats : Dieu dit à l’homme ce qui va arriver comme conséquences logiques de sa chute et de ses actes, ce n’est pas pour punir.

La vision punitive est absente chez lez pères (chrétiens orthodoxes).  Cette vision punitive est très postérieure autour du XII° siècle occidental. Cette vision-là est tout à fait étranger à la mentalité biblique et chrétienne (orthodoxe).

La chute de l’homme : l’être humain était dans sa liberté d’origine, innocent, pur, participant à l’immortalité de Dieu, image de Dieu, dans la familiarité de Dieu, l’impassibilité. Mais il avait un point faible, l’ignorance, il n’était pas omniscient, souligne les pères et notamment saint Irénée. C’est la notion capitale pour toute la question du bien et du mal, et celle du salut. A l’autre extrémité, il y a le Christ qui parle de vérité comme condition de salut. Ainsi dans l’Eglise chrétienne, le point de départ est la vérité et non l’amour. C’est la vérité qui délivre l’homme.

Selon les pères anciens, l’être humain a été trompé, dans sa liberté et son innocence. Le péché n’est pas d’abord une révolte contre Dieu, c’est même impensable, on ne peut penser que la révolte contre Dieu soit un acte de la liberté d’origine. L’exercice de la liberté paradisiaque est un choix, une démarche erronée. Etant trompé, l’homme a pris le mal pour le bien.

Saint Grégoire de Nysse explique : « Il arriva que l’intelligence (noùs) induite en erreur dans son désir du vrai bien, fut détournée vers ce qui n’est pas. Trompée par le promoteur et le conseiller du vice, elle se laissa persuader que le bien était tout l’opposé du bien. Et l’homme tomba volontairement dans ce malheur quand il eut été amené par le plaisir à se soumettre à l’ennemi de la vie ».

L’être humain a utilisé sa liberté pour faire une bêtise. C’est le point de départ d’une chute dans laquelle la volonté, le vouloir et la liberté de l’homme ont été à l’œuvre. Ce n’est pas parce qu’on a été trompé que l’on n’est pas responsable. L’être humain a donné son consentement, son « vouloir ». Ici le consentement à une erreur est une œuvre de liberté. A l’autre bout, le consentement de Marie, la Mère de Dieu, est une œuvre de la liberté.

La conséquence de cela est la perte de la liberté originelle (eleutheria). La liberté de choix va persister, liberté qui a été déjà à l’œuvre dans cette origine du mal concret dans le monde. « L’eleutheria » est l’impassibilité, l’innocence, la vulnérabilité de l’être humain, qui est pur consentement, pure spontanéité, pur élan vers le bonheur.

C’est dans son ingénuité que l’homme a été vulnérable et que se trouve l’ignorance. Les conséquences seront les conditionnements, les déterminismes, l’aliénation. L’être déchu est aliéné. Il ne s’agit pas de condamnation du type juridique, c’est une situation concrète. La chute est un constat, une malédiction. C’est un constat concret d’une action en fonction des lois spirituelles qui organisent la création.

Dans la Bible, beaucoup de paroles mises dans la bouche de Dieu sont employées au futur et sonnent comme des malédictions.  Mais ce sont des constats : Dieu dit à l’homme ce qui va arriver comme conséquences logiques de ses actes.  Ce n’est pas pour punir. La vision punitive est absente chez lez pères. 

Cette vision punitive est très postérieure autour du XII° siècle occidental. C’est tout à fait étranger à la mentalité biblique et chrétienne orthodoxe.

Père Marc Antoine

 (Extrait des enseignements et cours théologiques du Père Marc Antoine Costa de Beauregard)

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