Malédiction et Bénédiction
Dans l'église, nous
cherchons cette volonté une du Christ. Nous voulons avoir la même forme
d'obéissance, la même forme de participation à la Pâque du Christ.
La
Mère de Dieu s'associe librement au mystère de la Passion, de la souffrance
glorieuse, de la Croix victorieuse du Christ. On ne peut expulser le féminin du
mystère de la Croix. Marie a épousé un Dieu qui se crucifie et qui ressuscite,
qu'elle est présente à la Croix.
Les
''malédictions'' deviennent des bénédictions : c'est l'esprit de la nouvelle
Alliance. Mais au premier abord, ces paroles annonce des difficultés. Elle
annonce la souffrance.
''Je
mettrai une hostilité entre toi et la femme, elle t'écrasera la tête mais tu la
meurtrira au talon''. La situation de la femme dans l'histoire du monde est une
situation de combat spirituel. C'est à la femme qu'est proposé, imposée même en
l'occurrence, cette mission spécifique du combat spirituel: être celle qui est
engagé dans cette lutte, cette résistance à l'hostilité du diable. L'obéissance de la Mère de Dieu est
l'antidote essentiel au péché qui a été désobéissance. Mais dans un premier
temps, c'est la souffrance.
Il y
a dans ce programme de combat spirituel quelque chose qui est effrayant, dont
nous trouvons effectivement la manifestation dans l'histoire: la confrontation
de la femme à la violence, à toute les formes d'humiliation, de relégation, de
déshumanisation...
Tout cela ne peut être
déchiffré que dans cette perspective du combat spirituel. Ici est la
possibilité de surmonter cette malédiction, de la voir comme combat spirituel.
Nous savons, à postériori, qu'il s’agit du combat spirituel, victoire de la
femme de lumière (dans l'apocalypse).
Dans
la meurtrissure au talon, il s'agit de la souffrance physique, blessure,
corporelle et souffrance morale. La cause de ses souffrances est
essentiellement spirituelle: conséquence de la désobéissance elle-même, mise
sous le patronage du combat avec l'ange déchu.
''...Je
multiplierai.......tes souffrances et ton angoisse. Dans les souffrances tu
enfanteras les enfants. Vers ton homme, ton retour, il sera ton maître''.
''Ton
maître'' c'est celui qui à la merci de qui tu es, mais cela peut-être aussi,
celui qui va devenir, par l'incarnation et le mystère de l'église, le chef de
la femme, comme le christ est le chef de l'église.
Le
labeur de l'homme c'est tout ce qui va être aussi soumis à la souffrance. Le
labeur de l'homme, dans l'église, donne l'ascèse par exemple. Il y a un
retournement de cette malédiction en bénédiction, service, diaconie pour le
monde, responsabilité royale. L'homme
à travers cette malédiction peut retrouver sa place bénie de responsable au
sein de la création.
Cette
malédiction, va devenir, par cette jonction au Christ, bénédiction. Ce qui est
mort va devenir vie, ce qui est enfer va devenir royaume. Nous sommes suspendus
à cette réalité, essentiellement par la foi, l'espérance, et nous sommes
suspendus à cette espérance par le don de l'Esprit.
Il n'est pas possible pour
l'être humain de passer d'une malédiction à une bénédiction, avec cette
condition maudite, sans la participation au christ et sans l'acquisition du
Saint Esprit. Il y a besoin d'un miracle, du sacrement de
l'église, de la Parole du Christ: il y a besoin d'une libération. S'il n'y a
pas évangélisation de la condition humaine en général, de la condition
féminine, alors la malédiction demeure.
Le Christ est celui qui est
venu pour libérer les captifs, pour annoncer la résurrection à ceux qui sont en
enfer. C'est la puissance du Christ et la puissance de
l'Esprit saint qui transforment la malédiction en bénédiction.
Du
moment où la femme appartient à l'église, baptisée et membre du sacerdoce
baptismal, que peut-on contempler comme transformation de cette souffrance ? Le
lien que la femme a avec la souffrance, l'homme l'a avec le labeur.
Le labeur devient pour l'homme bénédiction par le baptême, et la vie ecclésiale, et la douleur malédiction devient pour la femme aussi bénédictions dans l'église. Le labeur de l'un et la douleur de l'autre étant greffés sur la Pâque du Christ, deviennent des sacrements, des voies vers l’acquisition du Saint Esprit, des voies de salut pour le monde.
Père Marc Antoine Costa de Beauregard
(extrait des cours et enseignements théologiques du père Marc Antoine Costa de Beauregard)