Conscience et obéissance

Conscience et obéissance

Saint Marc le moine nous dit : « les conseils du prochain sont souvent utiles. Mais rien ne convient plus à chacun que son propre jugement. « Si tu cherches la guérison, sois attentif à ta conscience. Tout ce qu’elle te dit de faire, fais le, et tu y trouveras ton bien. Les secrets de chacun, Dieu les connaît, et la conscience les connaît tout autant. Voilà les moyens à prendre pour se corriger ».

Parlant de la nécessité de pratiquer « le face à face avec la conscience », il la définit comme le livre ouvert de ce que nous sommes.

 En désignant la conscience de cette manière, Marc suggère un parallèle entre l’écriture et la conscience : il y a d’un côté la loi gravée dans le livre de la Bible, et de l’autre, il y a ce qu’il désigne comme « la loi spirituelle » ( Rm 7,14), ou la loi de la « liberté » (Rm 8,2), inscrite dans le livre naturel de la conscience.

En appelant la conscience « un livre naturel », Marc s’accorde avec Saint jean Chrysostome, pour dire que la conscience constitue une partie intégrale de la nature humaine, crée à l’origine par Dieu. Obscurcie par la chute, la conscience est restaurée par la grâce baptismale.

Marc affirme « la grâce a été secrètement donnée à ceux qui ont été baptisés en Christ. Mais elle agit dans la mesure ou nous pratiquons les commandements. Elle ne cesse de nous aider dans le secret, mais il dépend de nous de faire ou de ne pas faire le bien selon notre pouvoir. La grâce commence par éveiller divinement la conscience ; d’où vient que même ceux qui ont fait le mal, après s’être repentis, sont devenus agréable à Dieu ». 

Découvrir la grâce qui est en  nous

Le vrai but de la vie chrétienne, tel que l’entend Marc le moine, est de découvrir la présence du Christ et du Saint Esprit qui demeure en nous et qui nous ont été conférés par le baptême. Dès notre baptême, la deuxième et troisième personne de la Trinité prennent leur demeure dans ce que Marc appelle « l’endroit le plus intime, caché et sincère du cœur » et dès lors la grâce ne cesse d’être active en nous.

Cependant au début nous n’avons l’expérience de sa présence que de manière inconsciente ou « mystique ». Ce n’est que par l’accomplissement des commandements, que nous devenons conscients progressivement de la présence baptismale du Christ eu du saint Esprit en nous d’une manière qui est « active » et claire », avec une « pleine assurance consciente ».

Ecouter notre conscience est alors précisément devenir conscient de la grâce baptismale en nous.

Ce réveil de notre conscience, selon Marc, doit être accompagné, non seulement de l’observance des commandements, mais aussi d’une prière sincère. «Une conscience bonne, se découvre par la prière, et une prière pure par la conscience ; chacune des deux, en effet, a par nature besoin de l’autre ».

Lorsque Marc affirme que « rien ne convient plus à chacun que son propre jugement », cela signifie t-il pour autant qu’il n’attache que très peu d’importance ou pas à la direction d’un père spirituel ? En fait ce n’est pas le cas. Il ne rejette certainement pas l’importance du rôle de l’abba.

Un ascète débutant à besoin de contacts réguliers avec des d’autres plus avancés que lui. Il lui faut « s’efforcer de fréquenter des gens expérimentés dans les choses spirituelles, de vivre avec eux et de se laisser conduire par eux. Ainsi si tu n’as pas toi-même la lampe de la vraie connaissance, si tu fais route avec celui qui a la lampe, tu ne marcheras pas dans les ténèbres ».

Le rôle du guide spirituel

En même temps, Marc interprète son rôle de guide spirituel de manière réservée et restrictive.

Marc nous dit que le rôle du guide spirituel est de ne point priver le disciple de toute responsabilité morale, mais au contraire, de lui permettre d’atteindre la véritable liberté de choix en sa propre conscience devant Dieu.  Les paroles du père ne remplacent la voix de Dieu en nous, mais au contraire, le but du père spirituel est de nous aider à entendre directement et personnellement cette voix.

Le père spirituel n’est pas un législateur mais quelqu’un qui initie ; non pas un gouverneur ou un officier qui commande, mais un infirmier ou un jardinier ; non pas un autocrate mais une sage-femme.

Il ne se tient pas entre le disciple et le christ, il ouvre la porte et nous mène vers la présence divine. Le vrai directeur est toujours le Saint esprit.

(Spiritualité orthodoxe)

 Retour menu précédent