Obéissance au Père spirituel
Saint Syméon le Nouveau Théologien,
sur les conseils de son père spirituel, lit le livre de Marc le moine.
Il retint en particulier ce conseil : « si tu cherches la guérison, sois attentif à ta conscience. Tout ce
qu’elle te dit, fais le, et tu trouveras ton bien ».
L’écoute
de sa conscience n’exclut aucunement la dépendance d’un père spirituel. Au contraire, lorsque Syméon reçoit sa première vision
de la lumière divine, il aperçoit également son ancien, Syméon le Studite, se
tenant debout « d’une manière inattendue » tout près du rayonnement
incréée. C’est alors que le jeune Syméon comprend « les grands secours que
lui avaient procurés l’intercession de saint ».
Le Studite ne dit pas son disciple « puisque tu m’a pour guide, tu n’as pas besoin de voir toi-même la Lumière. Je serais tes yeux, dépends de moi ». Bien au contraire, il ouvre les yeux spirituels du jeune Syméon, lui permettant de voit par lui-même.
L’insistance de Syméon sur
l’intercession de son ancien. Le père
spirituel fait plus que d’enseigner par des paroles. Il prie également pour son
disciple, et ces prières sont incomparablement plus importantes que tout
conseil verbal.
Une personne alla au Mont Athos.
Elle demanda à un célèbre ancien, le père Paissios : « Père,
puis-je vous écrire de temps en temps ? », le père
répondit : « Non, ne m’écris pas, je prierais pour toi ».
Un moine qui était alors présent dit à cette personne : « Ne
sois pas triste parce que le père t’a dit de ne pas lui écrire. Son conseil est
précieux, mais ses prières sont encore meilleures.
Une
relation d’amour mutuel.
Le
véritable secret de la paternité spirituelle : ce que le starets offre à
son disciple n’est pas principalement des règles ou des paroles de conseils
mais une relation personnelle, une relation d’amour mutuel, et à cause de cette
relation personnelle, la liberté profonde du disciple est sauvegardée.
Et en même temps, Syméon attache une
extrême importance au statut et à la parole du père spirituel.
En lien
avec son enfant spirituel, le père se tient à la place du Christ. « Celui qui a acquis une confiance véritable en
son père selon Dieu, en le voyant, croit apercevoir le Christ ; s’il est
près de lui, s’il l’accompagne, il croit ferment être près du Christ et
l’accompagner. Le disciple ne doit rien
faire de grand ou de petit sans la permission de son ancien. ».Il
ne doit même pas prendre une gorgée d’eau à moins que son ancien ne le lui
dise ». il ne contredira en rien son ancien. « Une foi sans mélange
fait tout remettre à la décision du père spirituel comme entre les mains de
Dieu ».
Une telle obéissance, qui ne pose
aucune question et qui embrasse tout, semble laisser peu de place pour quelque
liberté de conscience du côté de l’enfant spirituel.
Personne ne peut être un chrétien
« du second degrés».
Chaque chrétien baptisé est appelé à
vivre l’expérience de la présence du Saint Esprit en lui, directement et
personnellement, « d’une manière bien perceptible et consciente ».
Il n’y a
qu’une seule exigence pour celui qui agit comme père spirituel et qui lie et
délie : une telle personne doit être dotée « en son âme » d’une
sensibilité directe à l’Esprit Saint.
Pour autant qu’ils possèdent une
telle expérience, des moines non ordonnées, n’étant pas prêtres, peuvent
prononcer une absolution ; mais quiconque ne possède pas une telle
expérience, même s’il est prêtre, évêque ou même patriarche, n’en a pas le
droit.
Ne pas
négliger la voie intérieure de l’Esprit
Le point fondamental de Saint Syméon
le Nouveau théologien apparaît comme n’étant pas si différent de Marc le moine.
Marc, même s’il emploie des termes moins catégoriques que Syméon, affirme la
nécessité de l’obéissance à un père spirituel. Syméon non moins que Marc, reconnaît l’importance d’écouter la voix du
saint Esprit en notre propre conscience.
Pour tous
les deux, l’obéissance et la liberté ne sont pas mutuellement exclusives mais
complémentaires. Tous deux considèrent l’obéissance comme la porte menant à la
liberté.
Lorsque Marc dit « Sois
attentif à ta conscience, tout ce qu’elle te dit, fais le », il s’adresse
à des moines qui consacrent plusieurs heures chaque jour à la prière liturgique
et qui mènent une vie ascétique hautement structurée. Dans un tel contexte, il
peut y avoir le danger de tout dépendre de règles extérieures et de négliger la
voix intérieure de l’Esprit.
Mais si
Marc s’adressait à des laïcs vivant dans la société d’aujourd’hui où tout est
permis, manquant de l’expérience et de la discipline et de l’obéissance, il
aurait sans aucun doute tenu un autre discours.
Aussi, Chacun doit être attentif à sa conscience mais la conscience doit être
éduquée.
De Saint Marc et de Saint Syméon,
nous pouvons apprendre que nous ne sommes pas des esclaves mais des enfants
d’un Roi, crée à l’image de Dieu et à la ressemblance de Dieu.
Nous
sommes dotés d’une voix intérieure, personnelle à chacun de nous, la voix de
notre conscience. Mais il est
périlleux de voyager seul. Chacun
de nous a besoin d’un conseiller, et d’un intercesseur, d’un père ou d’une mère
en Dieu, qui ne nous privera pas de notre personnalité, mais qui servira
précisément comme gardien de notre liberté évangélique.