Sacrement du mariage (Père Marc Antoine)

C’est un  lieu où on accepte une limitation, on cherche l’unité pour laquelle il y a forcément un renoncement, qui ouvre non pas à un appauvrissement de la vie, mais au contraire à un enrichissement, un développement de la vie personnelle, hypostatique. Ceci dans le cadre du sacrement.

Sain Paul parle d’une réciprocité de sacrifice. La mariage est une image de l’Eglise, parce qu’il y a une oblation mutuelle, qui s’appelle pour l’homme sacrifice, et pour la femme, soumission. Sacrifice amoureux et soumission amoureuse. Le mariage est une réalité éminemment sacrificielle, mais dans le sens chrétien : abnégation de soi qui débouche sur la plénitude de l’amour. L’abnégation du Christ permet la venue de l’Esprit Saint.

Souvent le divorce se produit quand, à un moment ou un autre, dans la crise du couple, il y a une impossibilité ou refus volontaire ou involontaire de se sacrifier. On est arrivé à une telle dégradation des rapports conjugaux que l’on pense que si je me  sacrifie, l’autre va en profiter. Ou bien moi-même je suis tellement endurci que, même si l’autre ne va pas en profiter je suis incapable de me sacrifier.

Cette impossibilité pour le couple de réaliser ce programme de sacrifice amoureux mutuel rend en fait l’amour impossible et rend triste l’Esprit Saint. Dans ces cas là les pères spirituels ne peuvent aider qu’en proposant une forme ascétique qui met en route les êtres dans le renoncement pour enfin trouver le chemin de l’abnégation.  Nous pouvons avoir par exemple quelqu’un qui se porte garant que l’un ne va pas profiter de l’abnégation de l’autre.

Cela permet de débloquer une situation. On dit à l’un regarde le sacrement du mariage. Le Christ Se sacrifie pour l’Eglise, et il est enseigné à l’époux chrétien de se sacrifier pour sa femme. Mais je ne veux pas le faire car elle va en profiter. Je me porte garant, comme prêtre, pour t’assurer qu’elle n’en profitera pas. Cela met en route un processus de sacrifice, donc de réconciliation.

Les  charismes qui sont donnés dans le sacrement de l’ordination ne fleuriront pas chez un homme qui, soit qu’il n’a pas compris, soit ne veut pas ou ne peut pas obéir à la Croix, à ce renoncement qui est celui du Christ. La question de l’acceptation de la Croix, c’est la question de l’héritage des dons de l’esprit Saint. En grec on emploi plusieurs termes pour désigner l’amour.

Tout d’abord « éros » au sens large. Quand la Bible dit que l’homme est un être de désir. Le terme éros désigne aussi l’amour que Dieu a pour sa créature. C’est une énergie, une tension formidable que Dieu a vers Sa créature et dont la créature a elle-même en germe. Cela fait partie de la composante de l’image de Dieu. Le terme éros désigne fondamentalement la capacité pour l’être humain de s’unir à Dieu en Lui ressemblant, toute cette vie nuptiale qui consiste le sens véritable de l’existence humaine.

L’amour n’est pas une chose naturelle. L’amour au sens de éros n’est pas naturel, il n’appartient pas aux conditionnements actuel de la chute, aux conditionnements animaux.

L’éros appartient à la condition paradisiaque et du Royaume, à la condition divine de l’être humain. Par conséquent l’être humain ne peut avoir une participation à cet éros que selon l’ordre des charismes.

C’est pourquoi l’Eglise propose au couple le mariage, c'est-à-dire le don charismatique de l’amour. En dehors du don précis de l’amour de la part de Dieu, il n’y a pas d’amour. Il n’u a d’amour qu’ayant sa source en Dieu. Ce qui ne veut pas dire qu’il n’y a que l’Eglise qui le donne.

« Agapes » est le terme le plus important pour désigner les relations entre des hypostases entre elles. S’emploie pour tout ce qui est aimer dans un sens d’accueillir, recevoir, s’intéresser à l’autre plus qu’à soi. Terme qui désigne les relations hypostatiques. Le sens ultime  est la communion interpersonnelle. Dans le sens des relations sexuelles, ce terme veut dire « non possession », non domination, effacement de soi devant l’autre, préférence de l’autre à soi, préférence du plaisir et du bonheur de l’autre au sien propre. Il est l’antithèse de la fameuse « philautia ». Quelqu’un dans la philautia ne connaîtra jamais l’agapé.

Dans l’agapé il y l’accueil, la considération de l’autre pour lui-même, par exemple l’hospitalité qui est une des caractéristiques de beaucoup de civilisations mais qui a été majoré par l’Evangile, est une expression de l’amour agapique. On laisse tout et on accueille celui qui vient.

A travers ces trois termes : éros, agapé, philia : éros réalise l’union absolu avec l’autre ; agapé implique l’accueil absolu ; philia qui est l’amitié absolue, on définit la vie trinitaire, la vie des personnes.

Pour qu’il y ait relations personnelles, communion, il faut qu’il y ait don de soi absolu à l’autre, et perte de soi en l’autre, libéré de toute crainte de se perdre, qu’il y ait accueil absolu de l’autre, sans la peur d’être envahi et qu’il y ait égalité absolue, alliance qui veut dire vérité, confiance, fidélité. Les trois termes doivent se trouver pour qu’il y ait transformation d’une donnée naturelle (masculin et féminin) en communion hypostatique et donc valeur éternelle.

Le monde futur où il n’y a plus ni homme et ni femme est un monde dans lequel il n’y  a plus que communion des personnes. Tout ce que nous faisons à partir de ce que la nature nous donne, passera. Il restera comme le dit l’apôtre Paul : l’amour. Tout passera : sexualité, intelligence, culture, tous les dons naturels. Cela passera mais ne sera pas perdu. Ce sera sauvé dans ce qui restera : la communion des personnes.

On arrive ainsi au mystère du mariage. Qui est essentiellement le mystère de la réconciliation entre l'homme et la femme.  C'est le Christ qui L'opère. Le couple se situe dans une perspective ecclésiale d’action de grâces et de soumission réciproque, ce qui est en fait déjà le caractère sacrificiel. Se soumettre, c’est déjà renoncer à sa volonté propre, à son égoïsme, et chercher surtout l’unité de volonté. C’est ce que cherche l’église : l’unité de volonté, l’unanimité. Il y a une seule volonté humaine en Christ. Nous sommes appelés en devenant membres de l’église à acquérir cette unité de volonté. Nous la gagnons à travers la soumission réciproque.

Que le mari se sacrifie, en tant que chef, comme le Christ s’est sacrifié. C’est l’idée du sacrifice de soi, obéissance amoureuse, en tant qu’elle est dans l’obéissance au Christ, qui est celle de l’Eglise dans sa relation au Christ.

Le mariage est donc fondé sur le sacrifice et non sur les passions, sacrifice en tant que don de soi, donc réciproque, abnégation de l’un pour l’autre sur le modèle des relations entre le Christ et l’Eglise.

Le mari qui monte sur la Croix pour sa femme attire l’Esprit Saint dans le couple, l’Eglise et le monde. L'acceptation de la Croix, non imposée, non subie, introduit l'être humain à la liberté, à la vraie vie, à la joie, à l'acquisition de l'Esprit saint.

Le fait que des souffrances, soit imposées et non acceptées rend ces souffrances inutiles et infernales. D'où la question extrême grave de la torture: une torture acceptée par un croyant, qui intercède pour son bourreau fait venir l'Esprit saint dans le monde. Mais une torture subie, vécue dans la haine, la révolte ou la peur, cela n'a pas de nom. La structure des sacrements dans l'église montre l'acceptation d'une limitation par amour du Christ, et dans cette acceptation, la réception de la plénitude de la vie, plénitude du saint Esprit.

Il y a dans la structure du mariage, cette structure sacrificielle de l'église, sacrifice qui est dans son fond eucharistique, sacrifice qui culmine dans l'épiclèse, dans l'acquisition de l'Esprit saint, communion eucharistique. Toute situation chrétienne est celle-ci: le sacrifice qui débouche sur l'épiclèse. Le baptême lui-même est une consécration, un sacrifice, une offrande, une oblation qui débouche sur l'acquisition du Saint Esprit.

Dans le cas du mariage, c'est le mystère du couple, de l'amour, mystère paradisiaque, en même temps, le mariage porte le signe de la condition déchue. Son rôle est comme pour les autres sacrements, de restaurer la situation humaine, la condition humaine. Il va porter le signe de la condition déchue, de la souffrance, de la limitation, parce qu'a travers ce signe de limitation, signe de la Croix, il devient le chemin de la restauration de la communion, non seulement entre l'homme et la femme, mais entre l'homme et Dieu.

Cette restauration n'est pas seulement retour au passé, au Paradis, mais cette restauration est l'évènement d'une réalité nouvelleDans le mariage, comme dans toutes les voies d'obéissance que propose l'église, il y a toujours l'idée que l'on restaure quelque chose qui a été perdu, on rachète la chute, et en même temps l'idée de l'acquisition d'une dimension totalement nouvelle, qui n'a pas eu lieu: la dimension eschatologique.

En ce qui concerne la structure sacrificielle du mariage, il y a donc une purification de la chute, la récupération de l'état adamique, mais il y  a aussi, l'acquisition par anticipation de l'état futur, du Royaume ''où il n'y a plus ni homme ni femme''. C'est le dépassement de la sexualité, de la distinction des natures, dans la communion des personnes. L'eglise propose deux voies de sanctification: la voie monastique et la voie du mariage. Ces deux voies sont du type sacerdotal, dans lequel le sacerdoce baptismal s'accomplit, peut s'accomplir.

Le mariage est un sacerdoce. Le sacerdoce est le baptême, mais il y des sacerdoces: le sacerdoce ministériel, des formes sacerdotales (peindre des icônes, être moine, soigner ses enfants, avoir une profession : toute la vie chrétienne prend une forme sacerdotale), et le mariage qui est une forme sacerdotale spécifique. Certaines formes sacerdotales sont pour peu de temps et d'autres sont à vie: l'épiscopat, le mariage...

La vie du couple est fondée sur l'obéissance à la parole de Dieu, dès le départ (génèse 3,1). Elle n'est pas fondée sur les passions, l'attirance physique, volonté propre... Ce n'est pas un commandement au sens ''tu dois faire cela'', mais c'est un appel à la sainteté, une vocation de consécration, de ressemblance à Dieu.

Dans tous les sacrements, parce qu'il y a renoncement, obéissance, acceptation de la Croix, il y a aussi la descente du Saint Esprit qui transforme les choses en église, ''écclésialise'', ''christifie''.

La vie du couple et comparée à la vie des martyrs. Les martyrs sont ceux qui gardent la foi, reste fidèle à Dieu dans l'épreuve. La vie de couple, familiale a pour vocation de magnifier la foi, et le magnifier dans les épreuves de la vie qui vont être vécue comme des situation de martyrs, des situations d'épreuve pour la foi, vécue dans un cadre communautaire, dans cette petite église qui est le couple, à l'égard du Christ, dans les épreuves.

Ce qui est attendu du couple est d'être quelque fois dans cette fournaise: des passions qui peuvent diviser le couple, conditions matérielles difficiles, la maladie, la mort. Elle amène la libération, la grâce du Saint Esprit, si l'être humain reste dans l'obéissance et la fidélité à la Parole de Dieu, si le couple garde au centre de sa vie la présence vivante du Christ.

La présence du Christ dans la vie du couple, dans le sacrement (le sacrement c'est toute la vie du couple, la vie du couple est sacramentelle du début jusqu'à son accomplissement), cette présence est là pour transformer les épreuves en réalités pascales.

Le couple est le martyr spirituel du 20° siècle. Toute cette détresse du couple n'est pas à mettre devant le psychologue, les sciences humaines, l'humanisme ou le juridique. Elle n'est pas à mettre d'abord devant cela, mais elle est à remettre devant le sacrement.

Il y a un canon très ancien dans l'église qui prescrit que les personnes n'aient pas de procès civil les uns devant les autres, avant d'avoir présenté leur situation à l'église. Le cas du couple chrétien en détresse est là: qu'il présente d'abord sa souffrance à l'église, qu'il retrouve le prêtre qui les a mariés, les témoins qui étaient là, qu'il demande à la communauté de prier pour eux... Ce qui est important dans le cas de la détresse du couple, c'est que cette épreuve soit martyre, et non pas de résoudre la question. C'est toute la différence entre une attitude psychologique et une attitude spirituelle.

Le but de l'église n'est pas de résoudre les problèmes, mais de transformer ce qui est humain en une réalité divine. Si la détresse du couple est transformée en martyre pour le Christ, c'est une victoire sur la mort. Un malade qui vient dans l'église, qui présente sa maladie mortelle devant Dieu et qui demande à l'église de prier Dieu pour lui, qui confesse sa foi dans le Christ malgré sa détresse participe à une victoire absolue éclatante, celle du Christ lui-même sur la mort, même si la question de la guérison n'intervient pas.

Est-ce que nous vivons la solitude, le mariage, la maladie, la vie ou la mort, comme des Pâques, des épreuves que nous acceptons comme la coupe du Christ dans laquelle nous communions à l'Esprit qui s'y trouve, ou bien nos vies se déterminent-elles par autres choses ?

Par le baptême, toute notre vie est immergée, et tout ce que nous allons vivre, nos joies et nos peines, doit pouvoir être transformé en Corps et Sang du Christ. Cela ne peut se faire que s'il y a prière, confession de foi, épiclèse, offrande de ce que l'on vit et de ce que l'on souffre.

Un des aspects importants du couple est l'action de grâce. Un couple capable de rendre grâce à Dieu pour ce qui lui arrive dans la vie (joie, peine, la mort, la vie), de bénir sa maison, d'exercer l'hospitalité, un couple qui bénit et rend grâce est un couple sacerdotal. C'est le mystère même de la vie humaine qui est par l'action de grâce métamorphosé, sanctifié. Ce qu'un couple sanctifie dans sa propre vie, il le sanctifie aussi pour les autres. C'est l'humanité qu'il porte et qu'il sanctifie les joies ou les peines.

La Croix dans le mariage ? Toute épreuve est appelée à être vécue comme la Croix qui va vers la joie, vers la résurrection, vers l'Esprit saint.

Le couple dans une perspective ecclésiale et de soumission réciproque, ce qui est déjà le caractère sacrificiel. Se soumettre c'est renoncer à sa volonté propre, à son égoïsme, et chercher l'unité de volonté. Ce que cherche l'église, c'est l'unité de volonté, l'unanimité. Il y  a une seule volonté humaine en Christ. Nous sommes appelés à acquérir cette unité de volonté, nous la gagnons à travers la soumission réciproque.

‘‘Femmes, soyez soumises à vos maris comme au Seigneur, car le mari est le chef de la femme, comme le Christ est le chef de l'église, ce Corps dont il est le Sauveur, et comme l'église est soumise au Christ, les femmes le sont en tout au mari''.

C'est l'aspect sacrificiel de l'église en tant qu'il est dans l'obéissance au Christ, obéissance amoureuse (non une soumission du type juridique). C'est tellement la relation avec le Christ qu'il est demandé à l'homme la réciproque, sans laquelle le premier thème tombe: que le mari, en tant que chef, se sacrifie, comme le Christ s''est sacrifié.

‘‘Mari, aimez vos femmes comme le Christ a aimé l'église. Il s'est livré pour elle afin de la sanctifier''. C'est l'idée du sacrifice de soi. Le mariage n'est donc pas fondé sur les passions, ou autre chose, mais sur le sacrifice. Sacrifice en tant que don réciproque, abnégation l'un pour l'autre, sur le modèle du rapport entre le Christ et l'église.

Le Christ pour l'église monte sur la Croix. Le mari qui monte sur la croix pour son épouse attire l'Esprit saint dans le couple, dans l'église, dans le monde. Il dit au couple, vous arriverez à la transfiguration, à la sainteté, à l'acquisition de la grâce du royaume, à travers une attitude sacrificielle, à travers celui qui donne sa vie pour l'autre. Les parents font cela.

Le rôle sacrificiel des parents: les parents n'arrêtent pas de donner leur vie pour que leurs enfants existent. L'aspect sacrificiel des parents, de type ascétique, est le renoncement des parents à être les propriétaires de leurs enfants. Il s'adresse au mystère de la liberté. L'église initie les parents à ce renoncement. Cet enfant n'est pas le mien, c'est l'enfant de Dieu. En tant que parent adoptif que je suis, responsable, gardien, j'ai à rendre compte au dernier jour de cette garde. C'est une attitude sacrificielle qui fait passer l'être humain du stade passionnel (mon enfant) à une autre attitude, de type christologique. ''Seigneur Jésus Christ, notre Dieu, souviens-toi de Ton enfant''.

Il faut parler aussi du rôle fondamental du pardon dans le couple, entre les enfants et les parents...C'est aussi une dimension sacrificielle, sacramentelle et sacerdotale. Le pardon conjugal est tellement nécessaire dans la vie du couple. C'est un pouvoir sacerdotal de la prêtrise du Christ.

C'est une hérésie de parler de l'homme ou de la femme en dehors du couple. Le couple est une réalité paradisiaque. Dieu a crée le couple au paradis. Nous avons aussi le couple qui est une réalité déchue. L'incommunicabilité, la guerre, la haine, marque la civilisation universelle. Etre incompris par l'homme, être incompris par la femme, c''est l'expérience de la faille adamique, de la fissure anthropologique fondamentale. C'est dans l'église que l'on vient apporter cette fissure anthropologique, qui n'est pas originelle mais liée à la chute. On vient à l'église pour être réconcilié. Le sacrement du mariage c'est le moment où le Christ vient réconcilier Adam et Eve. 

C'est dans l'église que l'on vient apporter cette fissure anthropologique, qui n'est pas originelle mais liée à la chute. On vient à l'église pour être réconcilié. Le sacrement du mariage c'est le moment où le Christ vient réconcilier Adam et Eve. Il vient obtenir pour la femme le pardon de la part de l'homme, et pour la femme le pardon de la part de la femme, ce pardon de toujours. Il vient et dit à Eve: pardonne à Adam, et à Adam: pardonne à Eve. Il le dit pour chaque couple, pour chaque mariage. Ce pardon est un pansement sur l'incommunicabilité. Je ne dis pas que cela ne va pas revenir, qu'un couple ne soit pas une réalité persécutée de tous les temps. C'est le martyre. Nous avons besoin de l'église pour vivre cette réconciliation.

Nous avons besoin de retrouver le sacrement du mariage, le prêtre qui nous a mariés, le pardon... Le sacrement du mariage est ce qui transforme cette malédiction en bénédiction, en bénédiction de la découverte réciproque, de la complémentarité et de l'altérité. C'est là que l'homosexualité est une malédiction, elle ne comprend pas d'altérité. C'est une grande souffrance. L'église est là pour penser, consoler...

Dans le mariage, il est demandé à l'homme-Christ de s'immoler (épitre aux éphésiens), il est demandé à la femme-église, la soumission amoureuse. C'est dans la découverte de ce sacrifice christologique et de la soumission ecclésiologique, que l'homme et la femme dépasse leur guerre des sexes. Et la femme dans l'église découvrant cette prêtrise qui est la sienne à la suite de la Mère de Dieu, s'affranchit de cette disqualification ancestrale, de la honte d'être femme. L'église te libère et te qualifie.

L'église bénite le féminin, c'est sa vocation.

Résumé:

le mariage est un lieu où on accepte la limitation, on cherche l'unité pour laquelle il y a forcément un renoncement qui ouvre non pas à un appauvrissement de la vie, mais au contraire à un enrichissement de la vie personnelle, hypostatique, ceci dans le cadre du sacrement. Saint Paul aux éphésien parle d'une réciprocité du sacrifice: sacrifice pour l'homme, et soumission amoureuse pour la femme. Il y  a une oblation mutuelle, avec l'image du Christ et de l'église.

Le mariage est une réalité éminemment sacrificielle, mais dans le sens chrétien: une abnégation de soi qui débouche sur la plénitude de l'amour, et permet la venue de l'Esprit saint. Il y un motif sacrificiel, un motif de renoncement, d’abnégation, de préférence de l’autre à soi, dépassement de l’égoïsme.

Comme le sacrement de l’ordination, le sacrement du mariage comporte un caractère définitif. Cela souligne que la mariage est un sacerdoce.

Le sacerdoce, c’est le baptême, mais il y a des sacerdoces : ministériel, des formes sacerdotales (peindre des icônes, être moine, soigner ses enfants, avoir une profession). Toute la vie chrétienne prend une forme sacerdotale. Et la mariage est une forme sacerdotale spécifique.

La vie du couple est fondée sur l’obéissance à la parole de Dieu : « l’homme quittera son père et sa mère pour s’attacher à sa femme » (Gen3). C’est une question de rupture, renoncement, de libération. Elle n’est pas fondée sur la volonté propre, les passions, les caprices, l’attirance physique, les affinités culturelles……Elle est fondée sur cette parole de Dieu, et tous deux ne feront qu’une seule chair. C’est un appel à la sainteté, une vocation de sainteté, une vocation de consécration, de ressemblance avec Dieu.

Dans tous les sacrements, parce qu’il y obéissance, renoncement, acceptation de la croix, il y a aussi descente du Saint Esprit qui transforme les choses en Eglise, ecclésia lise les choses et les christifie.

Les épreuves de la vie vont être considérées comme des situations de martyr. Des situations d’épreuve pour la foi. Il y a un projet de témoignage familial, communautaire, dans cette petite église qu’est le couple, à l’égard du Christ, dans les épreuves.

Dans la vie du couple, il y a toute sorte de fournaises possibles qui peuvent diviser un couple : des passions qui peuvent diviser un couple, occasions de glorification, des épreuves externes qui viennent des conditions matérielles, la maladie, mort, vieillesse, éloignement.

La vie du couple est un extraordinaire creuset, année après année. Elle amène la libération, la grâce du Saint Esprit si l’être reste dans l’obéissance et la fidélité à la parole de Dieu, si le couple garde au centre de sa vie, la présence vivante du Christ.

La vie du couple est sacramentelle. Cette présence est là pour transformer les épreuves en réalités pascales. Le couple est le lieu du martyre. Le couple chrétien est au 20° siècle comme un dé secoué dans un cornet à dès.

Toute cette détresse du couple n’est pas à mettre devant le psychologique, les sciences humaines, l’humanisme ou sur le plan juridique. Elle est à mettre d’abord dans le cadre du sacrement. Il y a un canon très ancien qui prescrit que les personnes n’aient pas de procès civil les uns devant les autres, avant d’avoir présenté leur situation à l’Eglise. Qu’il présente d’abord sa souffrance à l’Eglise, qu’il retrouve le prêtre qui les a mariés, les témoins qui étaient là, qu’il demande à la communauté de prier pour eux.

Qu’ils se tournent vers l’Eglise. Ce qui est important dans cette détresse du couple, de l’épreuve du couple, c’est que cette épreuve soit martyre, et non pas de résoudre une question. C’est toute la différence entre l’attitude psychologique et spirituelle.

Le but de l’Eglise n’est pas de résoudre un problème, mais de transformer ce qui est humain en réalité divine. Si la détresse du couple est transformée en martyre pour le Christ, c’est une victoire sur la mort.

Un malade qui vient dans l’Eglise, qui confesse sa foi dans le Christ malgré sa détresse, participe à une victoire éclatante, celle du Christ Lui-même sur la mort elle-même, même si la question de la guérison n’intervient pas.

La vraie question est : est-ce que tout ce que nous avons à vivre nous le vivons comme des Pâques, des épreuves que nous acceptons comme la coupe du Christ dans laquelle nous communions à l’Esprit Saint qui s’y trouve, ou bien nos vies se déterminent-elle par autres choses ?

Par le baptême, toute notre vie est immergée, toute l’existence appartient vraiment à l’Eglise et que tout ce que nous allons vivre, nos joies et nos peines, doit être transformé en Corps et Sang du Christ. Cela ne peut se faire que s’il y a appel à la prière, confession de foi, épiclèse, offrande de ce que l’on vit, que l’on souffre.

Un des aspects importants du couple est l’action de grâce. Un couple capable de rendre action de grâce à Dieu pour ce qui lui arrive (peine, joie, mort, vie), de fêter l’anniversaire de son mariage, de bénir sa maison, d’exercer l’hospitalité, un couple qui bénit et rend grâce est un couple sacerdotal.

C’est le mystère même de la vie humaine qui est, par l’action de grâce, métamorphosé, sanctifié. Ce qu’un couple sanctifie dans sa propre vie, il le sanctifie pour les autres. C’est l’humanité qu’il porte qu’il sanctifie : les joies et les peines.

Nous sommes appelés, en devenant membre de l’Eglise à acquérir cette unité de volonté, qui est l’unité de la volonté humaine du Christ. Nous la gagnons à travers la soumission réciproque. Il ne s’agit pas d’une soumission de type juridique, d’une soumission à une autorité, mais une soumission de type sacramentel, abnégation amoureuse qui est celle de l’Eglise dans sa relation amoureuse au Christ.

Que le mari, en tant que chef, se sacrifie comme le Christ s’est sacrifié. C’est l’idée de sacrifice de soi. « Maris, aimez vos femmes comme le Christ a aimé l’Eglise. Il s’est livré pour elle afin de la sanctifier ».

Le mariage est fondé non sur les passions mais sur le sacrifice. Sacrifice en tant que don réciproque, abnégation l’un pour l’autre. Le mari qui monte sur la croix pour sa femme attire l’Esprit Saint dans le couple, dans l’Eglise et le monde. Vous arriverez à la sanctification, à la sainteté, à la transfiguration, à l’acquisition de la grâce du royaume, à travers une attitude sacrificielle, à travers celui qui donne sa vie pour l’autre.

Dans le sacrement du mariage, structure sacrificielle, il y a une purification de la chute, la récupération de l’état adamique, mais aussi l’acquisition par anticipation de l’état futur du royaume, où il n’y a ni homme et ni femme. C’est le dépassement de la sexualité, de la distinction des natures, dans la distinction des personnes.

L’enseignement de l’Eglise orthodoxe propose deux voies de sanctification : la voie monastique et la voie du mariage.

Ces deux voies sont de type sacerdotal, dans lesquelles le sacerdoce baptismal peut s’accomplir.

(Extrait des enseignements et cours théologiques du Père Marc Antoine Costa de Beauregard)

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