Salut chrétien par Archevêque Christodoulos
Dans
notre théologie orthodoxe, le
péché a toujours été perçu comme une rupture, une altération des
relations, une
aliénation entre les genres humains et Dieu. Le péché n’a jamais été
perçu
comme une culpabilité selon la loi.
C’est
pour cette raison que le salut est
considéré comme un processus de guérison et de réconciliation de
l’humanité
avec Dieu, des êtres humains les uns avec les autres et avec l’ensemble
de la
création.
La guérison et la
réconciliation ont été accomplies en Christ ; nous tous, membres
de
l’Eglise, nous devons les faire nôtres dans l’église, par la puissance
et
l’action de l’Esprit Saint.
La
salut, en tant que
guérison et restauration ontologiques de l’humanité et de la création
déchues,
fait advenir la transformation, la transfiguration et le renouveau des
relations avec Dieu, source de vie et de toute existence, et des
relations des
êtres humains les uns avec les autres et avec l’univers qui nous
entoure.
Le
Christ est mort pour
nous, il a ressuscité notre humanité déchue, il l’a fait monter aux
cieux et
l’a assise à la droite de Dieu. Pourtant ce que le Christ a fait une fois pour
toutes, chacun de nous doit se l’approprier d’une manière personnelle,
dans
l’église.
Chacun
de nous est appelé à
mourir au « vieil homme » afin de renaître dans un homme
nouveau en
Christ.
Dans
le Christ, et par la
puissance de l’Esprit Saint, c’est Dieu qui a l’initiative ; mais
chacun
de nous doit répondre à l’appel de Dieu et entreprendre, en synergie,
d’œuvrer
pour son propre salut et de faire advenir le Royaume de Dieu « sur
la
terre comme au ciel » (Mt 6,10).
On
trouve les dimensions de
la guérison et de la réconciliation dans tous les sacrements de
l’église. Cela
dit, nos sacrements ne sont pas magiques.
La
maladie et la mort, ces
fléaux inévitables qui accablent l’humanité, ne sont pas des formes
d’une
rétribution divine ; elles résultent d’une aliénation, de la
rupture des
relations avec Dieu. Par sa résurrection, le Christ, qui a assumé nos
infirmités et nos maladies, a délivré la vie de cet état de rupture. Le
Christ
a vaincu le monde, et ce faisant, il a donné à l’humanité la paix, la
joie, et
l’accès à la vie éternelle dans le Royaume de Dieu.
Les
conséquences de la
mondialisation, du terrorisme et de la guerre au terrorisme exigent que
notre
Eglise parle à nouveau de manière prophétique. L’église doit élever la voix et
se ranger dans le partie de la paix, des marginalisés et des
sans-pouvoirs.
Elle doit être un puissant témoin des
valeurs de l’évangile. Elle doit
réaffirmer que notre Seigneur est « le prince de la paix » et
que la
terre et que tout ce qu’elle contient appartient à Dieu.
Toutes
les ressources de la
terre doivent être partagées entre tous. La paix sans la justice est un
projet
chimérique.
A
une époque où les états laïcs,
que les valeurs de l’évangile dérangent, essaient de circonscrire au
domaine
privé la foi et les valeurs sociales et morales qui l’accompagnent,
l’église
est appelée à témoigner des valeurs du Royaume et à refuser de se
conformer à
ce que veulent entendre les dirigeants politiques et économique de ce
monde.
L’église n’est pas là pour
s’incliner devant les pouvoirs qui s’opposent à la volonté de Dieu. Son
rôle
est de rendre un témoignage de foi, de force et de vérité.
Les
Chrétiens qui sont en
même temps citoyens des sociétés modernes, ne doivent pas jamais cesser
de
témoigner des valeurs de l’évangile, ils ne doivent pas se taire face
aux
tendances contemporaines de certains états sécularisés modernes qui
veulent
imposer aux populations des normes et des valeurs qui lui sont
étrangères.
Dans
de telles conditions,
tout en oeuvrant à la guérison et à la réconciliation, l’église doit
s’affirmer
dans une attitude de contre-courant de la culture actuelle, elle doit
oser dire
aux dirigeants ce qu’est la volonté de Dieu, ainsi que les Pères de
l’église
l’ont fait en leur temps.
Notre attitude missionnaire
doit être sous-tendue par l’amour. Par son amour parfait, un
amour parfait qui
l’a amené à mourir sur la croix, le Christ a vaincu le monde, il a
détruit les
portes de l’enfer.
La
clé de la guérison et de
la réconciliation, le chemin qui y mène, c’est l’humilité, c’est
l’amour pour Dieu
et les uns pour les autres »
(Archevêque Christodoulos d'Athènes)