Tradition et Ecriture Sainte
Introduction
Qu’est-ce
que la Tradition chrétienne
orthodoxe ?
Ecriture Sainte et Tradition
La rupture entre la Parole
et le Sacrement n’a pas manqué d’avoir des conséquences fâcheuses sur la
théologie sacramentaire. Le Sacrement n’y est plus biblique, évangélique. Ce
n’est pas certes fortuitement que la théologie occidentale a concentré son intérêt
non pas sur l’essence et le contenu des sacrements, mais sur les conditions et
les « modes » de leur opération et de leur « efficace ».
Son examen de l’Eucharistie a été réduit à la question de savoir par quel moyen
et à quel moment les oblats sont convertis en Corps et sang du Christ, tandis
qu’il n’est presque pas question du sens de cette conversion pour l’Eglise,
pour le monde, pour chacun de nous. Si paradoxal que cela puisse être, la
« présence réelle » du Corps et du Sang du Christ supplante l’intérêt pour le Christ
Lui-même.
La communion est considérée
comme un moyen pour « obtenir la grâce », comme un acte de
sanctification personnelle ; elle n’est plus perçue comme participation au
Calice du Seigneur. Disjoint de la Parole, qui est toujours relative au Christ,
les Sacrements sont en quelque sorte séparés de Lui.
Certes, le Christ reste Celui qui les a
institués, mais il n’est plus leur contenu, essentiellement don de Lui-même et
de sa vie théanthropique à l’église et aux fidèles. C’est ainsi que le
sacrement de « pénitence » est conçu et éprouvé comme le
« pouvoir » de « remettre les péchés » et non plus comme
« la réconciliation et la réunification avec l’Eglise en
Jésus-Christ », etc….
Selon la tradition
ecclésiale liturgique et spirituelle, c’est justement la liaison insécable de
la Parole et du Sacrement qui fait que l’être de l’Eglise se réalise comme
incarnation du Verbe, comme devenir de l’humanisation dans le temps et dans
l’espace.
Par l’Eucharistie, nous
communion avec « Celui qui vient « et qui demeure dans Sa Parole ; et la mission de l’Eglise
consiste à l’annoncer. Le Verbe pose le Sacrement en tant que son
accomplissement. Le Christ-Verbe devient notre vie par le Sacrement. Le Verbe
rassemble l’Eglise afin de s’y incarner. Séparé du Verbe, le Sacrement risque
d’être conçu comme une opération magique…et privée du Sacrement, la Parole
risque d’être réduite à une doctrine.
Enfin, c’est par le Sacrement que le
Verbe s’interprète, car l’interprétation de la Parole est toujours le témoignage
de la façon dont le Verbe devient notre vie. « Et le Verbe fut chair et il
a habité parmi nous », (Jn 1.14). Le Sacrement est ce témoignage. Aussi
contient-il le principe et la base de l’interprétation et de la compréhension
de la Parole, la source et le critère de la théologie. Ce n’est que grâce à
cette indivisible union de la Parole et du Sacrement que l’on peut saisir la
portée réelle de l’affirmation. Seule l’Eglise garde le vrai sens de
l’écriture.
De même que la
sanctification des dons, la compréhension et la réception de la Parole ne
dépendent pas de notre seul désir : la condition essentielle est que
« nos yeux spirituels » soient mystérieusement transformés, que
l’Esprit saint vienne sur nous.
Une vraie homélie qui suit
la lecture de l’Evangile, ne consiste
pas en une explication de texte par une personne compétente. Il s’agit de
prêcher l’Evangile lui-même. Le vrai don de la parole est un charisme de
l’Esprit saint, donné dans l’Eglise et à l’Eglise. Témoigner de Jésus-Christ
par l’Esprit saint : tel est le contenu de la Parole de Dieu et c’est
l’unique substance de la prédication : « et c’est l’Esprit qui rend
témoignage, parce que l’Esprit est la Vérité » (1 Jn 5.6).
La
garde de l’Ecriture et son interprétation ne sont confiées
qu’à l’Eglise. La tradition n’est nullement une autre source de la foi, qui
viendrait « compléter » l’Ecriture, elle est cette même source :
la Vivante Parole de Dieu, entendue et reçue par l’Eglise.
La tradition consiste à
interpréter l’Ecriture comme source de la Vie même, et non pas à commenter
telle péricope selon une thèse donnée, conduisant à telle ou telle conclusion.
Quand saint Athanase le Grand disait que « les Ecritures saintes et
inspirées étaient suffisantes pour exposer la vérité », il ne niait pas la
Tradition, encore moine préconisait-il une méthode spécifique, biblique pour la
théologie… Ce qu’il affirmait, c’est justement la relation vivante, et non pas
formelle, entre la Tradition et l’Ecriture : La Tradition en tant que la lecture et l’Ecoute par l’esprit Saint.
Si seule l’Eglise connaît et
garde le sens de l’Ecriture, c’est uniquement parce que, dans le Sacrement de
la Parole, accompli par l’assemblée ecclésiale, le Saint Esprit ne cesse de
rendre vivante la « chair » de l’Ecriture pour la transformer en
« Esprit et vie ».
La théologie authentique et ecclésiale est
enracinée dans ce sacrement, où l’Esprit de Dieu instruit l’Eglise même, et non
pas tels de ses membres individuels, en toute vérité. En dehors de
l’intelligence de l’Eglise, et de sa vie théanthropique, on ne peut ni entendre
ni comprendre correctement l’Ecriture.
Par le double acte de la
lecture et de l’annonce, le sacrement de la Parole en assemblée est la source
de la croissance de chacun et de tous ensemble vers la plénitude de la Vérité.
Une
homélie ne consiste pas de prêcher
à propos de l’Evangile, sur un thème évangélique, mais l’Evangile lui-même. Elle ne consiste pas à une explication de
texte, en une communication des connaissances théologique, ni une réflexion sur
le sujet de la leçon. Le vrai don de la parole, celui de l’annonce évangélique,
est un charisme de l’Esprit Saint donné dans l’Eglise à l’Eglise. Témoigner de Jésus Christ par l’Esprit
Saint, tel est le contenu de la Parole de Dieu et c’est l’unique substance
de la prédication.
Ceci nous permet de saisir
le sens profond, vivant que la garde de l’Ecriture et son interprétation ne
sont confiées qu’à l’Eglise.
La
Tradition, n’est nullement une autre source de la foi, qui viendrait compléter
l’Ecriture, mais elle est cette Source même : la vivante Parole de Dieu
entendue et reçue par l’Eglise. La tradition consiste à interpréter l’Ecriture
comme source de la Vie même, et non pas à commenter des péricopes selon une
thèse donnée, conduisant à telle conclusion.