Prédestination et Préscience ?
Doctrine de la prédestination
La doctrine de la prédestination est la doctrine selon
laquelle la liberté n’existe pas, dans un système où Dieu prévoit tout, mais
aussi impose le déroulement de tout, où l’être humain ne peut échapper à son
destin. Doctrine non chrétienne, que l’on trouvait chez les
grecs anciens, dans l’antiquité grecque, où il n’y a pas de liberté, où il y a
une fatalité, où il y une nécessité qui gouverne le monde et tout est soumis
cela et même les dieux. Les dieux étaient aussi soumis à ce destin aveugle,
sans liberté. Même le bonheur n’est pas libre.
Au sein de l’Eglise chrétienne, Augustin d’hyponne, a
émis l’idée à un moment donnée qu’il y avait des personnes prédestinées au
salut, et les autres étaient la grande masse des « gens foutues. Et l’être
humain n’a pas une action libre car même sa conversion entre dans cette
prédestination.En Europe occidentale cette doctrine a fait beaucoup
de dégâts, une bonne partie des courants réformés du XVI° siècle (de Luther et
Calvin encore plus) ont hérité de cette pensée et ont hérités de cette
doctrine, dans laquelle la liberté humaine ne peut pas beaucoup agir pour son
salut.
Il est soumis à un arbitraire divin, et devant cet
arbitraire divin il est impuissant donc il renonce à la conversion,
généralement il renonce à la pénitence, c’est un monde religieux sans
conversion ni pénitence, mais il y a beaucoup d’action sociale.
Puisque je ne peux rien faire pour mon salut, il va
essayer de vivre bien, mais il est soumis à cet arbitraire divin. Il y a
des liens entre le développement des sociétés anglo-saxonnes et cette doctrine. En France, il y a un mouvement religieux qui s’est
inspiré de cette doctrine : le jansénisme. Le jansénisme, des chrétiens
qui habitaient Port-Royal, des gens très fervents, où la liberté n’existe pas,
où règne l’arbitraire divin. Le christianisme français a été influence par ce
christianisme très triste, jusqu’à une période récente, christianisme très
sombre, pessimiste, où l’être humain ne peut rien pour son salut
Une doctrine chrétienne où l’être humain ne peut pas
coopérer à son propre salut et au salut du monde entier n’est pas une doctrine
chrétienne. Qui est plutôt un héritage de la Grèce antique, qui
n’est que très légèrement baptisée, qui est la conception de la fatalité. Dans l’islam aussi, qui est une hérésie chrétienne au
départ, a hérité de cette notion de « soumission » à l’arbitraire
divin.
En revanche ce qui est existe et que confesse la Bible
est l’omniscience de Dieu. Dieu est totalement omniscient, en tant qu’il est
créateur du temps et de l’espace. Le fait qu’il soit omniscient, ne veut pas
dire qu’il détermine toutes nos actions. Pour analogie, votre enfant est dans le jardin, vous
la surveillez et vous devinez ce qu’elle va faire, elle va tomber, se faire
mal, va crier, c’est une omniscience relative. Mais pour Dieu, elle est
absolue.
La prédestination est une hérésie, parce que
c’est une systématisation en catégorie humaine de quelque chose qui nous
échappe complètement. Intellectuellement, l’homme ne peut pas se voir comme
Dieu le voit. L’intelligence divine, nous n’avons pas idée de ce que cela est.
Nous croyons que Dieu est une omnisciente aimante,
miséricordieuse, il envoie les prophètes, omniscience active d’un Père aimant
qui envoie Son Verbe (Sa Pensée et Sa Parole) deviennent un
« homme ». Cette omniscience de tout, n’est pas une
prédétermination de tout, n’influe pas sur la liberté humaine, ne nous
conditionne pas. Cela peut être un conditionnement mais n’est pas une
détermination.
Cette omniscience s’accompagne du don du Saint Esprit
à l’humanité qui va activer justement la liberté dans l’homme. Cette
omniscience se manifeste par la proclamation de la vérité par les prophètes et
particulièrement par le Christ, et se concrétise par l’action du Saint Esprit
qui suscite la liberté là où elle n’est pas, qui la fait croître là où elle
n’est pas. L’omniscience ne nous oblige pas, elle fait grandir
une liberté de choix ou de refus. L’omniscience, l’omni-prévoyance, de Dieu va
être éventuellement mise en échec par la liberté humaine.
Une antienne augustinienne qui dit :
« l’échec de l’homme attire Dieu sur la terre ». Ce n’est pas du tout
orthodoxe. Saint Irénée dit que Dieu avait prévu, dans son
omniscience, d’envoyer son Verbe, dans la création, aux l’homme, pour leur
faire connaître la ressemblance de l’image dans laquelle il avait été créé.
Mais comme l’homme a usé sa liberté, dans sa désobéissance, alors Dieu a
changé, a envoyé son Verbe, mais du coup a prévu la mort sur la croix, la
résurrection, etc.
Dieu est omniscient mais comporte tous les possibles.
Dieu adapte son plan en fonction de la liberté de la créature et s’adapte.
Notre liberté est liberté pour nous mais aussi pour Dieu. C’est une liberté absolue
sinon ce n’est pas l’image de sa propre liberté. D’où l’omniscience de Dieu
n’est pas une prédétermination.
Quand il s’agit d’une élection. Une élection pour un
service particulier, mais ce n’est pas de l’omniscience, personne n’a été
prédestinée à cette fonction, il a été élu. Rien n’oblige à répondre par
« oui » à cette élection. Nous avons une autonomie pour répondre négativement.
L’élection est une vocation. Mais une vocation n’est pas une obligation. C’est
vrai qu’il y a des gens qui sont appelés, mais il reste libre de refuser.
Préélu, peut-être, dès le sein maternel, mais
aucun cas pas prédestiné. Pourquoi Dieu n’aurait-il pas un projet insondable.
Mais un projet n’est pas une fatalité, un destin, une détermination, la liberté
existe.
Des choses peuvent nous conditionner mais pas nous
déterminer. Pour l’astrologie, qu’il y ait un conditionnement
astral, pourquoi pas, mais il n’y a pas de détermination. Au cours du repas, Saint Jean Chrysostome dit que
Jésus avertit : « l’un de vous va me livrer… ». Jésus averti
Juda de se garder de cette tentation diabolique. Et finalement, il lui dit
« fait ce que tu as à faire ». Jésus à l’omniscience totale. C’est comme avec l’apôtre Pierre, Jésus averti Pierre
qu’il va le trahir, dans son omniscience, il voit Pierre le livrer…
Dans son omniscience, Dieu nous voir descendre sur la
pente, il averti, mais il nous laisse libre, mais il ne peut pas nous empêcher.
Dieu ne peut pas nous obliger à accomplir sa Parole. Dieu est crucifié à la
liberté humaine, c’est cela le sens de la croix.
Les pères disent tout de même que notre liberté est
déchue, handicapée, asservie après le péché originel. Après le péché, la liberté, comme l’image elle-même, a
été non pas détruite mais handicapée, asservie. Il y a là une grande
différence avec l’Occident où il y avait deux positions :
Saint Augustin, disait que l’image a été détruite par
le péché et donc la liberté a été détruite pas le péché, c’est pour cela que
les augustiniens, les jansénistes ont développé cette doctrine sur laquelle il
n’y a pas de liberté parce que l’homme est déchue, il est soumis à l’arbitraire
de Dieu pour être sauvé
Il y a aussi les jésuites qui disaient, doctrine
également fausse, que l’être humain est tellement libre qu’il peut se
débrouiller tout seul et à limite il n’a plus besoin de Dieu (une visions
humaniste quelque peu baptisé). Ils oubliaient que cette liberté n’existe
que si Dieu l’assiste. Grands débats au XVII° siècle entre Jésuites et
Jansénistes.
Les pères orthodoxes disent : l’image de Dieu et
la liberté n’est pas détruite, mais notre liberté est comme atrophiée et
esclave. Des justes et prophètes de l’AT, Abraham ont fait preuve de liberté,
les personnes ont une possibilité d’évolution spirituelle considérable, pour
des personnes qui n’ont pas connu le Christ. Même avec cette liberté déchue,
ils font quelque chose.
Il y a la liberté originelle, absolue, qui est le
« oui, que Ta volonté soit faite » et la liberté de choix, que l’on
appelle le libre arbitre, liberté déchue. Pour les martyrs, l’Esprit Saint leur fait le don de
la liberté absolue : oui. C’est à nous d’entrer un peu plus chaque jour de la
liberté que le Christ nous a fait le don. Il y a un combat de notre part pour être le plus
proche de Lui. La vie en Christ, c’est s’approcher de Lui, pour manger et
boire.
Le Christ rompt ces chaînes là. La vie en Christ est une rééducation, une voie de conquête. Notre liberté est une liberté de communion, avec Dieu. Sans Dieu, il n’y a pas de liberté.
(Père Marc Antoine Costa de Beauregard)
Prédestination des élus de Dieu
Métropolite Vladimir
Thikhonisky : « Comment comprendre la prédestination des élus de Dieu ? Ils
sont élus par la préconnaissance de Dieu et non par la prédestination. Nous
ne sommes pas des machines. Dieu a donné la liberté à l'homme. Il n'oblige
personne ni au bien et ni au mal. Notre salut dépend de notre libre volonté
unie à la grâce divine: tend la main vers Dieu comme un enfant, et il
t'accordera Son aide.
Et si vois que tu tombes, lève-toi de nouveau. Ce qui importe est d'être conscient de sa chute. Dieu a prévu les exploits de Ses élus et qu'ils résisteraient et atteindraient le but. Judas aurait pu être sauvé s'il s'était repenti, mais il ne l'a pas voulu. Esaü aurait pu aussi conserver son droit d'aînesse et plaire à Dieu comme Jacob, mais il tomba, s'abandonnant à ses mauvais penchants ».
Préscience de Dieu
Evoquer la préscience de Dieu, ce n'est pas parler de
prédestination sous un autre terme. La réelle préscience divine n'est pas la
prédestination par Dieu, n'est pas la détermination à l'avance de l'avenir des
personnes humaines.
On pourrait dire que, dans Sa Préscience, Dieu voit à
l'avance, en nous, l'usage volontaire que nous ferons de notre liberté,
et il voit à l'avance les résultats et conséquences de cet usage de notre
liberté.
Ecoutons le père Georges Habra à ce sujet: «
Dieu prévoyant ce que nous ferons volontairement, c'est-à-dire les choses qui
sont en notre pouvoir (vice et la vertu), détermine-t-elle à l’avance les
choses qui ne sont pas en notre pouvoir ?
La faculté de préscience de Dieu puissant n’a pas sa
cause en nous ; mais la préscience divine de ce que nous allons faire à sa
cause en nous, car si nous n’allions pas le faire Lui aussi n’aurait pas prévu
ce qui n’allait point avoir lieu. Il prévoit que nous allons faire ceci ou
cela. Et la préscience de Dieu est vrai et ne peut être violée, mais ce
n’est pas elle qui est la cause de ce qui absolument aura lieu.
Dieu prévoit beaucoup de choses qui ne lui sont pas agréables, et ce n’est pas Lui qui en est la cause. Mais dira-t-on, il a prédestiné Judas à la trahir : donc Judas devait forcément le trahir, et s’il ne l’avait pas trahi, la rédemption n’eût pas eu lieu. Il a prédestiné Judas à la trahir parce qu’il avait prévu que judas accepterait très volontairement de la trahir. S’il n’allait pas accepter volontairement de la trahir, Dieu ne l’eut point prédestiné à cet office, il aurait trouvé un autre. Le choix de celui qui le trahirait, de ceux qui le crucifieraient, n’est point arbitraire, ni injuste, car il a choisi ceux qui devaient de leur plein gré le trahir et le crucifier ».
(Théologie orthodoxe)